C’était grande marée hier. Et encore ce lundi, pour ceux qui ont eu la chance de pouvoir poser un jour de congé.
J’aime bien la pêche à pied. Mais voilà : j’aime aussi profiter de ces marées basses pour photographier ces espaces découverts. Pas facile de traquer l’ormeau un appareil photo en bandoulière… Pas facile de traîner un haveneau, un panier, un trident… Pas question de fouiller le sable, au risque de ramener des grains corrosifs sur le précieux matériel.
Je dois me contenter de menu fretin, celui qui ne mouille pas les mains. Voici ma technique de pêche à marche à pieds : léger et court vêtu, je marche le nez en l’air à l’affut du joli nuage ou du rayon de soleil qui viendra fabriquer sous mes yeux un paysage digne d’une photographie, tout en balayant le sol du regard. De temps en temps une coque mi-ensablée, une palourde égarée, voire une coquille Saint-Jacques mal camouflée. Et hop, dans le sac. Ça se passe plutôt sur les étendues sableuses, avec parfois une incursion dans les roches ou je peux sans grand risque tâter du bigorneau.
N’allez pas croire que c’est facile : c’est une pêche technique. Il faut apprendre à distinguer le coquillage vivant de la simple coquille abandonnée, pour éviter de se baisser pour rien. Question de couleur et surtout de position de la bête sur le sable.
J’ai bonne conscience : c’est une pêche à mains nues, qui ne dérange pas les écosystèmes, qui ne pille pas la ressource, un corps à corps dans lequel l’animal a sa chance.
Le butin n’a rien à voir avec celui des pêcheurs équipés : le rendement est pitoyable. Mais après tout la balade est toujours magnifique, intense, régénératrice, et la poignée de coques est la cerise sur mon repas du soir.
Et je nourris un espoir : un jour, je tomberai sur un homard.