Mes « petits morceaux », c’est de l’anti-photographie. La photographie, c’est le cadrage de l’espace et du temps. Ce que cherche à faire le photographe, c’est découper un cadre, faire entrer, rentrer le morceau d’espace qui l’intéresse dans le rectangle de son viseur, ramener la scène dans le rectangle de papier.
J’utilise la photographie. Alors, moi aussi, je choisis un cadre. Mais je veux le briser aussitôt, en juxtaposant un deuxième cadre qui vient en l’ouvrant, nier le premier. Je choisis une scène, je la découpe, mais je cherche aussi à montrer ce qui se passe à côté.
De même pour le temps, même si c’est moins flagrant. Le photographe cadre le temps, le délimite, le fixe, tout comme il le fait de l’espace. Mes petits morceaux me permettent de jouer avec le temps, de créer une image qui décrit le temps au lieu de le fixer. L’exemple le plus élémentaire est celui du déplacement d’un personnage, que l’on va ainsi trouver plusieurs fois dans le montage. Ou d’un bateau. Mon assemblage de photographies va en quelque sorte filmer le départ du bateau. C’est un peu anecdotique. Mais je retrouve le même jeu avec le temps, en plus subtil, lorsque par exemple la lumière change entre deux prises de vues. On peut alors ressentir sur une même photographie l’avance des nuages, la percée du soleil.
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