Si tours Eiffel, bigs bens et autres chutes du Niagara nous attirent comme des papillons lors de nos voyages, on a toujours tendance à snober les hauts lieux touristiques de notre propre région.
Ainsi, il est de bon ton, pour un Breton, de dire d’un air blasé et sentencieux : “La pointe du Van, c’est bien plus beau que la pointe du Raz.”
Si bien que je n’avais jamais vu la pointe du Raz.
Pour ce baptême, j’ai choisi une journée ensoleillée d’hiver. L’arrivée est plutôt déprimante : barrière de péage, grands parkings aménagés dans la lande, centre commercial et Maison de la pointe. Même le chemin côtier est quasi-bitumé. Le tout, déserté en cette journée d’hiver, accentue le côté bout du monde – fin du monde du lieu.
Impression confirmée à la pointe de la pointe : un amoncellement de cailloux semble avoir été dispersé par une tempête de la veille, et prêt à être à nouveau chamboulé par celle de demain. Et pourtant ce paysage donne une impression d’éternité.
Le succès touristique de la pointe du Raz tient sans doute au fait qu’elle pointe directement sur l’île de Sein, qu’on aperçoit fragile à l’horizon derrière le phare de la Vieille et celui de la Plate, posés là pour donner corps à la distance.
Mais aussi cette désolation sèche — au-delà de l’aspect sauvage, certes, mais qui reste humain, de la pointe du Van — plonge le promeneur solitaire dans une sorte de stupéfaction tranquille.
Ici, on est seul au monde. Solide et fracassé, comme ce bout de pointe.
Que reste-t-il de ce sentiment en plein été, lorsque les parkings sont pleins d’autocars, lorsque les boutiques de souvenirs font du chiffre, lorsque les programmes audiovisuels de la Maison de la pointe tournent en boucle ? Je n’ai pas trop envie d’en faire l’expérience…
Prochain épisode : cachés dans l’ombre de la pointe, deux petits ports incroyables : Bestrées et Feunteun Aod.
Pour voir les photographies de la pointe du Raz sur Phololegende, suivez ce lien.
mais ou est passé le Pirate de la Pointe du Raz ???????