Je ne suis pas très à l’aise avec ce terme « paysage ». Ce que je photographie, ce sont plutôt des lieux, des bouts de planète, des traces, du temps, de l’espace. Bon, oui, du paysage, quoi. Toujours est-il que je cherche à réfléchir sur cette notion de paysage, d’où cette rubrique « parlons paysage », dans laquelle les commentaires qui m’aideront à avancer seront particulièrement bienvenus.
Pour la démarrer, le dossier « Paysage » proposé par le magazine Télérama d’août 2007 semblait être tout à fait ce qu’il me fallait. Je suis un peu déçu, car il ne va pas au fond des choses. Normal : le dossier ne parle pas uniquement de photographie, mais aussi d’écologie, d’énergie, de jardins… J’y ai tout de même trouvé quelques pistes de réflexion.
“Le paysage peut tenir dans un bol”
Un historien des jardins, c’est ainsi qu’est présenté Michel Baridon. Une de ses réflexions m’interpelle : “… Un paysage peut être infiniment grand ou infiniment petit. Il peut s’appréhender à l’échelle cosmique ou être miniaturisé, tenant dans une assiette ou dans un bol comme aiment à le restituer les Chinois.”
Quand j’étais enfant, ces jardins miniatures en mousses, pierre et cactus étaient très à la mode. Vus par mes yeux d’enfants, c’étaient effectivement des paysages, je les contemplais longuement, je rêvais que je m’y promenais. Un paysage, c’est un espace dans lequel je peux me déplacer, que je peux arpenter. Le jardin miniature dans un bol, ça ne marche que si je m’imagine lilliputien, du coup cela devient un peu naïf, enfantin.
Pour illustrer cette idée, voici une image de « grand canyon » prise à la plage du Dossen à Santec.
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« Je pose la définition suivante, poursuit Michel Baridon : un paysage est une partie de l’espace qu’un observateur embrasse du regard en lui conférant une signification globale et un pouvoir sur ses émotions ». Il manque encore cette dimension qui m’est chère : le déplacement dans le paysage, qui induit l’idée de temps. Une photographie de paysage (ou une peinture…) qui m’émeut, c’est une image dans laquelle je me déplace.
Land art
Le dossier effleure le land art, à l’occasion d’une exposition organisée dans le Sancy, en Auvergne. Voir un article ici :
http://www.cyberbougnat.net/Land-Art-dans-le-Massif-du-Sancy,1689.html
et des photos ici :
http://www.horizons-sancy.com/dyn/index.php?aff=articles.detail&IDA=4378%20&IDR=636
Le land art est une démarche qui m’interpelle, en tant que promeneur et en tant que photographe. Tous les paysages sont marqués par l’intervention de l’homme, bien sûr. Mais ces interventions, lorsqu’elles ne sont pas utilitaires, me touchent particulièrement. Je n’interviens pratiquement jamais sur les paysages que je photographie (le bandeau de ce blog est une exception), mais je suis toujours attiré par les interventions des autres, même anodines : les châteaux de sable, les tags, les empilements de cailloux, très à la mode en ce moment sur la côte bretonne, j’y consacrerai bientôt une expo sur le site photolegende (www.photolegende.com/exposition.php).
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D’autres photographies de galets empilés ici sur le site Photolegende (à Quiberon)
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Une forme de land art à la fois désespérée et poétique : l’abandon des carcasses de bateaux sur la grève. J’y ai consacré mon expo de l’été sur le site Photolegende. Il reste quelque jours pour la voir.
À suivre : les photographes présentés dans le dossier de Télérama